Deux ans et demi après Fukushima, les craintes liées aux conséquences
des radiations sur la santé n’ont pas disparu. Selon David Ropeik,
professeur à Harvard et auteur d'un ouvrage sur les peurs
irrationnelles, la nocivité des radiations est sur-estimée. Nos
inquiétudes seraient dues au fait que l'on associe les radiations aux
accidents nucléaires.
Selon Henri de Choudens, le problème est que l'on ne dispose pas de données sur les effets des radiations à faible dose.
Lors des catastrophes d’Hiroshima et Nagasaki ou d’accidents comme
Fukushima, on a vu qu’à partir d’un certain seuil, il y a un effet sur
la santé, en particulier le risque de développer un cancer. En dessous
de ce seuil, il n’a jamais été mis en évidence de façon claire qu’il y existait des effets.
Les accidents sur les personnes qui ont subi des radiations
relativement faibles n’ont pas permis non plus de déceler un effet
probant. L’inhalation de doses importantes d’iodes lors des accidents,
notamment celui de Tchernobyl, sont à relier avec certains cancers de la
thyroïde.
Toutefois, les cancers de la thyroïde ont toujours existé et leur nombre a augmenté régulièrement dans les pays occidentaux et ce bien avant la catastrophe de Tchernobyl. Il est par conséquent difficile de déterminer la part des accidents nucléaires dans cette augmentation. De plus, nous méconnaissons les effets nocifs des radiations ; c'est pourquoi nous appliquons le principe de précaution.
Ce qui est certain c'est que le terme radioactivité effraie. Ainsi, lorsque l’on parle des
risques de la radioactivité, on a en tête, plus ou moins consciemment, les explosions des bombes nucléaires
de Hiroshima et Nagasaki, renforcées par les catastrophes comme Fukushima ou
Tchernobyl. Le problème psychologique est que l’effet n’est pas immédiat.
Il se peut qu’on développe un cancer dans les dix années à venir ; il y a une
sorte d’« épée de Damoclès ». Beaucoup d’études menées sur la
population et sa perception du risque quant aux radiations l’ont prouvé.
Sur 10 929 cancers,
seulement 527 ont été causés par les radiations de bombes atomiques. Le cancer se développe pour des causes diverses chez
un pourcentage de la population assez élevé. Il est impossible
actuellement d’affirmer que les radiations sont responsables d’un cancer.
On ne peut pas, avec des examens établir la cause d’un cancer. C’est uniquement
par des études sur une population (études épidémiologiques) ayant subi une radiation en comparaison à une
population qui n’en a pas subi que l’on peut affirmer s’il y a augmentation
ou non, et déterminer ainsi le lien de causalité.
A propos de Henri de Choudens :
Henri de Choudens est le président de l'Institut des
risques majeurs (IRMA) de Grenoble.
Il a été pendant 5 années auditeur du CEFRI
pour la certification des entreprises ayant des salariés amenés à travailler en
zone à risque nucléaire.
Henri de Choudens a publié Le risque nucléaire
(Lavoisier, 2001) et Radioprotection dans les installations
nucléaires (Lavoisier, 1996)
Source : Atlantico, le 31 octobre 2013
Visuel : htds.fr
Mots clés : risques sanitaires - nucléaire - épidémiologie - radioactivité - radiation
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