A partir des résultats d’une enquête nationale sur les consommations alimentaires, cette étude de l’INRA
indique que 12 % des adultes vivent en France dans un foyer en
situation d'insécurité alimentaire pour raisons financières. Ce groupe
ne se recoupe pas totalement avec les personnes en situation de pauvreté
monétaire. Les personnes touchées sont plus jeunes et en majorité des
femmes. Malgré un revenu supérieur en moyenne au seuil de pauvreté,
elles semblent devoir plus souvent faire face seules à des dépenses hors
alimentation élevées, notamment pour le logement.
En France, plus d'un adulte sur dix vit dans un foyer en situation d’insécurité alimentaire pour raisons financières
Plusieurs questions de l’enquête INCA 2* permettent d'appréhender les problèmes ressentis vis-à-vis de l'alimentation. Ainsi, une question porte sur l’« inquiétude à l’idée de manquer d’aliments » et une autre porte sur la « difficulté, pour des raisons financières, à manger de la viande, de la volaille ou du poisson tous les deux jours ».
16,9 % des adultes ont répondu ne pas avoir assez à manger (souvent ou
parfois), ou avoir assez à manger mais pas toujours les aliments
souhaités. Ceux ayant déclaré avoir répondu positivement à cause de
raisons financières représentaient 12,2 % de l'échantillon adulte et
sont donc considérés comme appartenant à un foyer en situation
d’insécurité alimentaire pour raisons financières.
L’insécurité alimentaire pour raisons financières ne se résume pas à la pauvreté monétaire
L’insécurité alimentaire pour raisons financières et la pauvreté
monétaire ne se recouvrent pas totalement. Dans plusieurs pays
occidentaux, ce type de constat a déjà été établi et a conduit à
l’utilisation et au suivi d’indicateurs d’insécurité alimentaire Afin
d’élargir le champ de ces indicateurs et de renseigner une autre
dimension de la pauvreté et de l’exclusion, il pourrait être utile de
suivre l’indicateur d’insécurité alimentaire pour raisons financières.
Qui sont les personnes en insécurité alimentaire pour raisons
financières ? Ont-elles des comportements alimentaires particuliers ?
Les personnes appartenant à un foyer en situation
d’insécurité alimentaire pour raisons financières sont en majorité des
femmes, plutôt jeunes, devant souvent assumer seules les dépenses du
foyer
Les personnes concernées pourraient avoir des dépenses obligatoires
hors alimentation plus élevées, notamment pour le logement et qu’elles
sont plus souvent seules à les assumer. Ces résultats sont tout à fait
cohérents avec ceux établis aux Etats-Unis depuis le milieu des années
90. Le fait d’être propriétaire de son logement a été identifié comme un
facteur protecteur vis-à-vis du risque d’insécurité alimentaire pour
raisons financières, probablement car ne payer ni loyer ni traites
permet de constituer quelques économies et donc de moins
ressentir des aléas déstabilisants tels que la survenue d'une maladie ou
d'épisodes de chômage plus ou moins prolongés.
Des études américaines
ont aussi montré que les personnes âgées étaient moins touchées par
l’insécurité alimentaire probablement car elles disposent d’économies
non déclarées dans leurs revenus, mais aussi peut-être en raison d’une
perception différente du manque de nourriture.
Une consommation plus faible de fruits, de légumes et de
poisson chez les personnes appartenant à un foyer en situation
d’insécurité alimentaire pour raisons financières
De multiples facteurs peuvent contribuer à expliquer ces inégalités
et notamment des éléments purement économiques. Les fruits, les légumes
et le poisson sont les sources les plus chères d’énergie. D’autres
facteurs sont également évoqués pour expliquer les différences de
consommation alimentaire selon le statut socio-économique : faible
niveau d'éducation et de connaissances nutritionnelles, dépression,
acculturation et perte d'estime de soi, désintérêt pour la santé…
Les résultats de ce rapport incitent notamment à développer des actions
visant à favoriser la consommation de fruits et de légumes dans les
populations en situation d’insécurité alimentaire ou ayant un faible
niveau de revenu.
Une piste qui devrait être explorée et
expérimentée lors du 3ème Programme national nutrition santé (PNNS) par
exemple, est la distribution de « chèques/coupons fruits et légumes » auprès des populations les plus à risque d’être en situation d’insécurité alimentaire.
* L'enquête
INCA est la deuxième grande enquête nationale sur les consommations
alimentaires des adultes et des enfants en France après l'étude ASPCC de
1994. Publiée à l'initiative de l'Agence française de la sécurité
sanitaire des aliments (AFSSA), de la Direction générale de
l'Alimentation (DGAL) et du Centre de recherche pour l'étude et
l'observation des conditions de vie (CRÉDOC), elle porte sur 3003 individus de 3 ans et plus, représentatifs de la population française.
Visuel : rue89strasbourg.com
Mots clés : aide alimentaire, insécurité alimentaire, pauvreté, paupérisation, exclusion, PNNS, AFSSA, DGAL, CREDOC
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