A l'occasion de la parution du livre Repenser la responsabilité sociale de l'entreprise, réalisé sous la direction de Corinne Gendron et Bernard Girard,
a répondu aux questions de Vincent Frigon, du blog borealis et présenté notamment l'Ecole de Montréal qui introduit la notion sociologique dans la RSE.
Vincent Frigon : Qu'est-ce que l'École de Montréal?
Corinne Gendron : Ce terme désigne une perspective de la RSE qui est
attentive à la fois aux dimensions sociologiques et institutionnelles.
Elle se distingue du courant traditionnel, développé surtout aux
États-Unis par des gens d'affaires et des chercheurs en gestion, qui
tend à réduire le phénomène de la RSE à des initiatives volontaires de
la part des entreprises. Avec l'École de Montréal, on cherche plutôt à
reconnaître la dynamique impulsée par d'autres acteurs, tels que la
société civile, les mouvements de pression, les gouvernements, etc.
Notre approche fait valoir que le phénomène de la RSE ne se limite pas
aux approches volontaires et qu'il y a à la fois des dimensions
obligatoires et réglementaires, en plus des dimensions qu'on pourrait
qualifier de volontaires. Le but du livre est d'ailleurs de faire
connaître les travaux de chercheurs qui travaillent dans cette
perspective plus ouverte, plus dynamique et plus sociale de la RSE.
VF : Vous parlez de "nouveaux mouvements sociaux économiques" qui imposent des changements aux entreprises. De quoi s'agit-il?
CG : C'est un concept qui renvoie à la façon dont les acteurs sociaux
portent leurs revendications depuis la mondialisation. Avant les années
1960, le mouvement ouvrier faisait des revendications auprès de l'État
pour qu'il réglemente les entreprises : c'était un premier mode d'action
de la part des mouvements sociaux. À partir des années 1970, les
mouvements sociaux ont continué à faire des revendications vis-à-vis de
l'État, mais aussi à l'échelle de la société, par la sensibilisation et
l’éducation des citoyens. Or, au début des années 1990, les mouvements
sociaux ont commencé à utiliser des statuts économiques pour faire des
revendications sociales. D'où le nom de mouvement social et économique.
Il y a deux types de statuts : le statut d'actionnaire, par lequel une
personne investit dans des entreprises conformes à ses valeurs et qui
lui permet d'exprimer son point de vue aux assemblées d'actionnaires; et
le statut de consommateur, par lequel une personne évite d'acheter des
produits qui ne correspondent pas à ses valeurs (boycott) ou au
contraire privilégie des produits qui correspondent à ses valeurs
(buycott).
Corinne Gendron est titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable à l'UQAM. Elle intervient également à l'Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ) [NDLR Abstract].
Consultation du 29 novembre 2013
Visuel : borealis
Mots clés : RSE, charte éthique, UVSQ, sociologie, relations sociales, Canada, France
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