Poulpes et poissons osseux géants sont les fragiles mascottes des défenseurs de la faune marine des profondeurs.
Cette fois, Claire Nouvian change de tactique. Pour défendre les
habitants des mers profondes, la fondatrice de l'association Bloom sort
ses photos de charme : elle dévoile des images rares du régalec signées
Jean-Charles Granjon – le plus grand poisson osseux du monde qui peut
atteindre jusqu'à 11 mètres – , ainsi que des prises de vue inédites du
poulpe à oreilles 'Dumbo', qui pond ses oeufs sur les coraux de grands
fonds. Le premier, Regalecus glesn, dit roi des harengs, serait à
l'origine de légendes vouées au serpent de mer. Il vit entre 20 mètres
et 1 000 mètres de profondeur. L'homme ne le croise que rarement.
Ce spécimen-ci de régalec a été filmé en ultra haute définition – c'est
une première – par la société Saint-Thomas productions, qui a mis ses
prises de vue à la disposition de Bloom afin d'appuyer son combat pour
les océans. La photo de la pieuvre d'une espèce indéterminée en train
d'éclore sur une branche de corail profond est elle-aussi inédite. Quant
au gracieux poulpe à ventouses lumineuses, il pourrait aisément devenir
une nouvelle mascotte.
Claire Nouvian a été commissaire de l'exposition 'Abysses' au Muséum
d'histoire naturelle, consacrée à la faune des grandes profondeurs
marines en 2007 ; elle connaît la force des images. Lundi 16 septembre,
elle a rassemblé au Grand Palais à Paris, scientifiques, élus,
personnalités engagées comme Richard Branson, le fondateur de Virgin,
autour de ces
espèces emblématiques pour lancer, encore une fois, un appel en faveur des océans et contre la pêche en eau profonde, dont les chaluts raclent les fonds et détruisent les habitats naturels. Ce n'est pas un hasard si cet évènement médiatique a eu lieu à quelques jours de la Conférence environnementale des 20 et 21 septembre.
espèces emblématiques pour lancer, encore une fois, un appel en faveur des océans et contre la pêche en eau profonde, dont les chaluts raclent les fonds et détruisent les habitats naturels. Ce n'est pas un hasard si cet évènement médiatique a eu lieu à quelques jours de la Conférence environnementale des 20 et 21 septembre.
A priori, la fin du chalutage à plusieurs centaines de mètres de
profondeur relève plutôt des instances européennes. En juillet 2012, la
commissaire Maria Damanaki avait proposé un règlement qui devait aboutir à restreindre
fortement cette pratique d'ici à 2014. Or, depuis, le dossier n'avance
pas. Le Parlement européen joue la montre et ne décide rien ; la
présidence lituanienne ne l'a même pas inscrit au menu des prochains
conseils des ministres de la pêche. Tout semble se conjuguer pour renvoyer l'affaire après les élections européennes. Ou aux calendes grecques...
Source : Le Monde, le 20 septembre 2013
Visuel : Le poulpe à ventouses lumineuses, "Stauroteuthis syrtensis". © D.Shale_C.Nouvian-5772
Mots clés : pêche, Europe, biodiversité
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