Fini le temps des grésillements et des cassettes à rembobiner. Les
écouteurs sont désormais des accessoires de mode et coupent totalement
du monde extérieur. Attention à l’overdose de son...
Aujourd’hui, près d’un Français sur trois possède un baladeur et 35 %
des utilisateurs de smartphone écoutent des chansons sur leur portable.
Mais que risque-t-on à rapprocher ainsi le son de ses conduits ? Depuis
longtemps, les autorités jouent la prudence. Afin de limiter les ravages
sur les tympans d’un volume poussé à fond, la France a imposé dès 1996
de brider les baladeurs à 100 décibels (dB), ce qui équivaut – quand
même – au bruit d’une moto qui démarre en trombe. A l’époque, peu de
mélomanes s’amusent à trop pousser le bouton car avec le volume naissent
les grésillements. Mais depuis, la qualité sonore des appareils s’est
améliorée et monter le son est devenu tentant.
« Ce que veulent les jeunes, c’est le plus de son possible, ils trouvent que ce qu’on propose n’est jamais assez fort »,
confirme un concepteur de casques pour la marque Parrot. Sauf qu’à 100
dB, cinq minutes peuvent suffire pour causer des dommages irrémédiables.
Pour être sans danger, le niveau maximum doit être de 80 dB, soit le
bruit du trafic. Une nouvelle réglementation européenne en cours d’étude
prévoit ainsi qu’un signal sonore indique au mélomane quand il franchit
la barre des 85 dB.
Mais si le volume peut être dangereux, le temps passé compte aussi. En
principe, l’écoute ne doit pas excéder huit heures par jour. Or, « les
jeunes écoutent de plus en plus longtemps leur musique au casque, voire
s’endorment avec. Cela fatigue fortement l’oreille », prévient Roselyne Nicolas, vice-présidente de l’association JNA (Journée nationale de l’audition). D’après une enquête
menée pour sa structure, 29 % des jeunes ont déjà ressenti des
acouphènes après l’écoute prolongée d’un baladeur. L’important est donc
de faire des pauses. « Si vous écoutez votre musique une heure, arrêtez-vous un quart d’heure avant de recommencer », poursuit Roselyne Nicolas.
Sauf que la technologie ne pousse pas à la modération. Avant, les
cassettes à rembobiner et les CD à changer permettaient aux oreilles de
souffler. Mais les lecteurs MP3, avec leurs playlists qui défilent
toutes seules et leurs grandes capacités d’autonomie, comme les casques
qui se mettent sur « Play » dès qu’on les pose sur les oreilles,
auraient plutôt tendance à les faire siffler.
Notamment si le casque est hermétiquement vissé sur le crâne. Car ce
petit accessoire a progressivement emprisonné les notes dans l’oreille,
quitte à la fragiliser. C’est le cas notamment des casques
circum-auraux, ces gros cache-oreilles parfois équipés de la fonction
réduction des bruits alentour (à ne pas confondre avec les supra-auraux
avec arceaux qui se posent sur l’oreille ou les discrets
intra-auriculaires, qui s’insèrent dans le conduit auditif).
« Choisir des casques ouverts (qui laissent sortir la musique, ndlr), ça fait beauf. Les jeunes préfèrent des casques fermés, qui leur permettent d’être bien dans leur bulle », relève Philippe Le Guern, sociologue de la musique. Question de mode aussi, dont le casque est devenu un vecteur précieux.
Le vent dans les arbres ? 10 décibels (dB). Un avion au décollage ? 130.
Un aspirateur ? 80. Deux aspirateurs ? 83. L’échelle des décibels
perçus a une progression logarithmique déroutante. Car lorsque
l’intensité d’un son double, son niveau ne s’élève que de 3 dB. Mais la
perception qu’en a l’oreille est autre. Chaque fois que le niveau
s’élève de 10 dB, on entend deux fois plus fort. Poussez le volume de
votre baladeur au max et vous entendrez quatre fois plus fort qu’à 80
dB. —
Visuel : ajaccio.fr
Mots clés : santé, nuisances sonores
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